Revue : L’identité – Milan Kundera

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Titre : L’identité

Auteur : Milan Kundera

Editions : Gallimard (Folio)

Date de parution : 2000

Nombre de pages : 225

Quatrième de couverture : « Et je me demande : qui a rêvé ? Qui a rêvé cette histoire ? Qui l’a imaginée ? Elle ? Lui ? Tous les deux ? Chacun pour l’autre ? Et à partir de quel moment leur vie réelle s’est-elle transformée en cette fantaisie perfide ? »

Mon avis : Milan Kundera était un auteur que je souhaitais découvrir depuis bien longtemps. Durant mes deux années de classe prépa, plusieurs amis lisaient certains de ses livres, que ce soit pour les cours, ou pour leur plaisir. Mais je n’avais jamais eu l’occasion jusque là de me plonger dans l’un de ses livres, malgré ma curiosité. C’est désormais chose faite.

Comment souvent pour certains livres un peu éclectiques, il semble difficile d’en faire un résumé sans casser l’intention de l’auteur. L’histoire ici semble complexe, dans la mesure où elle ne fait sens que de la façon dont le lecteur la perçoit. (hello jargon d’ancienne khâgneuse). L’auteur met en scène une histoire d’amour, dans toute sa fragilité comme dans toute sa puissance. Chantal et Jean-Marc s’aiment-ils ? De quelle façon ? Et surtout : s’ils s’aiment, qui aiment-ils vraiment ? Le titre du livre est merveilleusement bien choisi dans la mesure où ce livre offre une réflexion complexe sur l’identité : qui sommes-nous ? Pourquoi changeons-nous, et surtout comment ? Pourquoi pouvons-nous avoir l’impression de ne pas connaître une personne, si l’on découvre toutes les facettes que celle-ci nous avait cachées ?

Ce livre, c’est aussi l’histoire d’un rêve, d’un jeu amoureux qui vire au délire, presque au cauchemar, et qui malmène les identités de tous les personnages. Ils ne se reconnaissent plus entre eux, jusqu’à ne plus se reconnaître eux-mêmes.

L’écriture est absolument superbe, soyons francs ; je me suis surprise à lire à haute voix certains passages pour en voir toute la poésie. Ce livre dégage quelque chose de très fort, que je n’ai finalement compris qu’en le refermant. Il faut peut-être un minimum de recul pour contempler tout ce que celui-ci avait à offrir.

« Dans la détresse où il se trouve, c’est comme une main tendue qu’il veut saisir ; c’est comme une étincelle qui, en une seconde, lui promet une amitié ; l’amitié entre deux hommes qui, sans se connaître, seulement pour le plaisir d’une sympathie subite, sont prêts à s’entraider. C’est comme si un beau vieux rêve descendait vers lui. »

Il ne s’agit peut-être pas d’un coup de cœur à proprement parler, car je n’ai pas toujours ressenti une foule d’émotions en le lisant, et certains passages au début m’ont paru longs, mais plus on avance dans l’action, plus une pression s’exerce sur nous. On se sent oppressé, et on veut savoir jusqu’où le délire peut aller. Et la fin, qui remet tout en question, comme un point d’incandescence, où on se demande ce qu’il fallait croire.

Je suis donc ravie d’avoir enfin découvert cet auteur, et espère en lire un autre de ses romans très bientôt. Il s’agit d’un de ces livres bien particuliers, qui nous déroutent pendant la lecture, et nous bouleversent complètement en le refermant. Or j’adore ce genre de découvertes. Aussi, si vous aimez lire de la littérature qui sort des sentiers battus, avec un style un peu travaillé, vous devriez aimer. J’aurais adoré avoir une analyse de ce livre pour mieux comprendre toutes ces subtilités. Quoi qu’il en soit, c’était déjà une belle découverte, et je souhaitais vous la partager, comme toujours.

« Il n’essayait même pas de chercher dans sa mémoire. Il pensait à autre chose : voilà la vraie et seule raison d’être de l’amitié : procurer un miroir dans lequel l’autre peut contempler son image d’autrefois qui, sans l’éternel bla-bla de souvenirs entre copains, se serait effacée depuis longtemps. »

6 réflexions sur “Revue : L’identité – Milan Kundera

  1. Alicia dit :

    Kundera fait partie de ces auteurs qui me font peur.. Et je n’avais jamais réussi à terminer L’Insoutenable Légèreté de l’être, comme lecture imposée à l’école. Je devrai retenter le coup 🙂

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    • laroussebouquine dit :

      Je comprends, il me faisait un peu cet effet avant de commencer. C’est peut-être le genre de livres qui demande une certaine maturité !
      Parce qu’en soi l’histoire n’est pas folle, c’est seulement en réfléchissant à l’intérêt de ce livre que je l’ai trouvé génial.

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  2. lilithbliss dit :

    Il y a plusieurs années, j’ai abandonné la lecture de L’insoutenable légèreté de l’être, je ne sais plus vraiment pour quelle raison.. C’était peut-être trop tôt pour aborder cet auteur. Mais ta chronique me donne envie de ressortir cet ouvrage, de me replonger dedans, et de tenter également L’identité 🙂

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